Le Dernier loup
Posté par ENO filles le 10 février 2015
« La steppe à l’infini, des pâturages aussi loin que l’œil peut les voir, des loups et des Mongols: avec « Le dernier loup », coproduction sino-française, le réalisateur Jean-Jacques Annaud signe son treizième film, qui adapte un best-seller chinois qu’il décrit comme un « hymne à la nature et à l’amitié »
Le film se classe dans la série Aventure … Et quelle aventure !
Son réalisateur est français.
La plupart des acteurs sont chinois. Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa (plus)
Un casting mixte
Le Dernier loup réunit une troupe d’acteurs provenant de tous les horizons.
Pour les figurants, Jean-Jacques Annaud est allé piocher directement sur les lieux du tournage, auprès de personnes non-professionnelles.
En revanche, les personnes ayant du dialogue dans le film sont tous des acteurs de métier.
Plus d’infos sur le casting
Depuis près de 40 ans, Jean-Jacques Annaud se construit une carrière en marge de ses confrères français, développant un cinéma d’une ambition folle.
C’est son troisième film autour de la relation entre les hommes et les animaux. Il prend toujours soin de choisir une race animalière pouvant s’avérer dangereuse.
En 1988, il met en scène « L’Ours », puis en 2004, ce sont les tigres avec « Deux Frères ». Aujourd’hui, c’est le tour du loup pour « Le Dernier Loup »
Avant-première
L’Avant-première m’a littéralement subjuguée et je vous engage à ne pas rater ce spectacle d’une beauté impressionnante.
A la fin de la projection, arrivée de J.J Annaud. Imaginez un loup déguisé en brebis. Un visage plein de bonhomie et d’amour, un regard malicieux et pétillant… Le plus sympathique des hommes, surmonté d’une toison hirsute de boucles d’argent, qui se comporte avec charme et délicatesse.
« Il est une bête avec les cicatrices de la bataille, un loup qui sait comment il se sent être un agneau sacrificiel »
Vous ne pouvez pas l’imaginer découvrant des crocs.
Et pourtant, lui et moi les avons montrés en riant de bon cœur. Regardez plutôt.
Sortie du film
Ce film qui nous tient en haleine durant deux heures, sortira le 25 février 2015
Avec passion, enthousiasme et humour Jean-Jacques Annaud nous raconte les secrets de ce tournage hors du commun. Il a consacré sept ans de sa vie à la préparation et le tournage de ce film-événement
Les loups n’étaient pas dressés. Ils ont grandi et ont été dressés au cours du tournage. Ils constituaient une véritable famille.
Trois semaines à découvrir la Mongolie à travers les yeux de l’auteur, Jean-Jacques Annaud raconte son épopée au cœur de la steppe mongole.
Le réalisateur nous explique sa vision de l’Asie et comment a-t-il découvert la Chine.
Une histoire centrée sur la relation entre l’homme et l’animal, une histoire, « faite » pour lui, pourrait-on dire. Ci-dessous une vidéo à visionner sur YouTube.
« Le Dernier loup » est inspiré du roman de Jiang Rong« Le Totem du Loup » publié en 2004.
Jean-Jacques Annaud souligne que c’est un véritable miracle si ce roman, critique sans concession de la politique environnementale chinoise qui empêche le peuple chinois de vivre normalement (*), n’a pas été alors censuré ou interdit à la vente. « Le Totem du Loup », véritable best-seller a même été vendu à 20 millions d’exemplaires.
(*) Les habitants sont obligés de porter des masques et les enfants ne peuvent pas jouer à l’extérieur à cause de la pollution.
Il souligne l’impact de ce film, par la suite, sur la préservation de l’environnement en Chine.
Après avoir été banni de Chine, pour son film « Sept ans au Tibet », les autorités chinoises déroulent le tapis rouge à l’Académicien. Près de vingt-quatre pays ont acheté les droits d’adaptation mais c’est au cinéaste français que la Chine s’adresse pour le réaliser.
« Le jeudi 24 avril 2014 le cinéaste français Jean-Jacques Annaud annonce la signature d’un nouveau film en coproduction avec la Chine pour un montant d’une « quarantaine de millions… Cette signature intervient alors que le président chinois Xi Jinping est à Paris en visite d’Etat.
Pour le réalisateur, cette nouvelle coproduction montre que « les Chinois ont envie de s’ouvrir au reste du monde« . Il a cependant rappelé aussi que le pays imposait à l’heure actuelle des quotas sur la distribution de films étrangers en Chine. Ainsi les Américains ne peuvent en distribuer que quarante-cinq et les Français « entre cinq et sept », selon le Centre national de la cinématographie (CNC) » [AFP par l’Express]
Jean-Jacques Annaud déclare sa surprise de voir la Chine elle-même rompre cette interdiction et lui demander de produire le film. Il a néanmoins accepté, conservant cependant, tout au long du tournage, une inquiétude voire une peur de la censure pour la version chinoise du film. Finalement, il dit avoir eu une liberté incroyable pour adapter le livre. La seule chose que le metteur en scène ait été obligé de retirer, est le moment où l’on découvre une partie de la poitrine d’une des actrices.
Le livre raconte l’histoire d’un étudiant pékinois envoyé en Mongolie intérieure pendant la révolution culturelle commencée en 1966 et aujourd’hui encore considérée comme une « catastrophe nationale » par les autorités nationales chinoises. Pendant trois ans le pays plonge dans le chaos. Le jeune citadin déraciné et transplanté par la seule volonté politique des maîtres de la révolution culturelle chinoise, découvre la civilisation nomade des steppes et son rapport au Loup, emblème d’une société d’un autre monde et d’un autre temps.
Jean-Jacques Annaud s’attaque à l’histoire de l’irruption de la modernité dans le monde des steppes. Certains lecteurs devraient s’y retrouver.
Le loup et moi
J’ai un peu hésité à me rendre à cette avant-première, craignant d’être heurtée par des convictions qui ne sont pas les miennes, mais J.J.A. a su me redonner confiance et je me suis sentie libre de mon jugement.
En ce qui me concerne, j’admire le loup en tant qu’animal ainsi que le mode de vie de cette espèce considérée comme sociale et territoriale. Chaque meute défend un territoire contre les autres meutes. Et c’est que que je souhaite aussi pour les humains.
* montage réalisé avec mes images personnelles
Je suis certes attirée par sa beauté, sa sauvagerie et sa dangerosité – Les contes pour enfants représentent une véritable galerie de portraits du loup – Mais je ne suis pas sûre d’apprécier sa réintroduction en France compte-tenu des attaques que subissent de plus en plus les ruraux qu’avec nos fantasmes, nous laissons se débrouiller…
Et pour cause ! Aucun citadin ou banlieusard ne supporterait de cohabiter avec un tel prédateur. Car le loup n’est pas un simple carnivore. Il n’a aucun prédateur, hors l’homme.
Je trouve que sa progression est mal maitrisée car si la vie est admise en tant que phénomène naturel, comment ensuite la dompter et la limiter ? La prédation sur certains troupeaux domestiques est une réalité. L’indemnisation n’est pas une solution. Ainsi protégé, le loup pourra se nourrir aisément car les proies domestiques sont plus faciles à attraper que le gibier sauvage! Le loup est intelligent. Il aura vite compris. L’Homme est beaucoup plus naïf et crédule. cf. le mythe du bon sauvage (Le mythe du bon sauvage est l’idéalisation des hommes vivant et plongeant au contact de la nature. Et je l’étends aux animaux) !!!
Le repérage
En premier lieu, le réalisateur et l’équipe du film partent durant 3 semaines sur les lieux de l’histoire décrite par l’auteur afin de découvrir le paysage et les habitants des steppes de Mongolie.
Il évoque pour nous les repérages qu’il a effectués pour la réalisation du film et ses rencontres avec les autochtones et les acteurs.
Le tournage
« Sur le tournage du Dernier loup cohabite avec les acteurs une véritable « Arche de Noé » débordant d’animaux : 200 chevaux, près de 1000 moutons et 25 loups.
L’équipe technique et artistique
Absolument impressionnante, elle comprend environ 650 personnes sur le tournage, dont seulement 9 Français.
Jean-Jacques Annaud a préféré travailler avec de véritables animaux, utilisant très peu d’animation numérique, trouvant leur résultat souvent trop lisse et irréaliste.
Une scène de chevaux totalement surréaliste -que je ne vous dévoilerai pas ici- a nécessité des moyens techniques et artistiques impressionnants. Vous la découvrirai avec stupeur dans le film que vous n’allez sûrement pas manquer.
Les dresseurs
Pour que le plateau ne tourne pas au chaos total, une cinquantaine de dresseurs sont sur place.
Ils ont été choisis avec soin et le dresseur de loups retenu est le plus réputé, l’américain Andrew Simpson qui dressa la plupart des loups visibles dans le film.
Les rencontres entre les deux hommes ont donné lieu à de multiples allers-retours d’un continent à l’autre.
Le dresseur s’est donné corps et âme au projet alors que le scénario n’était pas encore rédigé.
Pour cela, le spécialiste des loups s’est installé pendant trois ans à Pékin avec sa femme, dans le but de voir grandir les petits louveteaux.
Heureusement, il a été récompensé à la fin du tournage, car il a pu garder les loups qu’il avait fait et vu évoluer durant ces trois années.
Caméras volantes
Pour filmer les chevaux et les loups en pleine course, des drones ont été utilisés, car il aurait été bien trop compliqué et dangereux pour le matériel d’enregistrer ces prises en hélicoptère, en raison du bruit et de la neige qui aurait pu s’envoler et parasiter l’image.
Le réalisateur précise : « Le drone a l’avantage d’être silencieux. Nous en avons pulvérisé un en filmant un de nos troupeaux de chevaux au galop. J’ai vu l’image de contrôle commencer à vriller et chuter en feuille morte. Catastrophé, je me précipite sur le lieu de l’impact. Les propriétaires chinois de l’appareil récupèrent la carte mémoire. Ils exultent parce que les images sont intactes. Ils vont à leur camion et sortent un second drone. Ils insistent pour que je fasse une autre prise le lendemain. »
Aux grands maux les grands remèdes
Les chevaux et les loups ne pouvant cohabiter, le dresseur Andrew Simpson a fait construire des couloirs délimités, pour que de part et d’autre, les chevaux et les loups s’entraînent plusieurs mois avant le début du tournage.
Je suis ton père
Bien que les loups soient considérés comme une espèce particulièrement sauvage et donc difficile à dresser, J.J. Annaud a raconté avec humour et émotion la relation rare et privilégiée qui s’était établie entre lui et le chef de meute.
Celui-ci nommé « Cloudy » avait tout de suite craqué pour le réalisateur qu’il considérait comme « son père ».
Le cinéaste ajoute : « Dès que nous avons été « présentés », alors qu’il venait de s’arroger le pouvoir au sein de la jeune meute, il s’est avancé vers moi en rampant, la queue entre les pattes, le regard infiniment doux… Il m’a reniflé, puis s’est couché sur le dos en offrant son ventre. Andrew m’a suggéré de le caresser… Cloudy m’a léché furtivement un doigt puis est parti rejoindre ses sujets. »
Et ensuite chaque matin de tournage avec Cloudy, le cinéaste devait se prêter à un échange de caresses particulièrement tendres et dangereuses mais obligatoires, le loup refusant de tourner s’il n’avait pas son comptant de caresses.
Il en sortait parfois griffé, mordu… Un soignant se tenait en permanence auprès de lui pendant ces instants d’effusions inévitables.
Le réalisateur avait déjà connu avec « l’ours » quelques moments particulièrement risqués. Inconscient ou téméraire, mais en tout cas intrépide et passionné, J.J.A. n’hésite pas à prendre des risques auprès de ses acteurs privilégiés.
« 2h après cette photo j’étais à l’hôpital! » explique-t-il en évoquant le tournage de « l’Ours »
Synopsis
Nous sommes en 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes, le loup.
Il a beaucoup de mal à comprendre la relation complexe et quasi mystique qui lie ces créatures sacrées et les bergers.
Séduit par l’animal, il capture un louveteau et décide de l’apprivoiser, bravant l’interdiction des bergers.
Cette très forte relation de l’homme et l’animal va menacer le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale, cruel et intransigeant, décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.
Bandes-annonces et extraits
Voici un petit avant-goût avec ces bandes-annonces du film et quelques extraits du tournage
Bande-annonce VOST
Dans les coulisses : l’entraînement des loups
La génèse
Critiques
Pour Filmosphère, Le dernier loup « mêle brillamment récit initiatique, fable animale et spirituelle, aventure épique et charge politique(… ) On ne dresse pas les loups très sauvages très rétifs très dangereux. »
Photos
Vidéos
Real wolves showcased in film ‘Wolf Totem’
Jean-Jacques Annaud – Le Dernier Loup par Emmanuel MAUMON: 7 ans en compagnie des loups.
Filmographie de Jean-Jacques Annaud
On ne compte plus les films à succès du cinéaste – académicien
En 1976 « La victoire en chantant », son premier film lui vaut l’oscar du meilleur film étranger.
En 1978, viendra « Coup de tête » et « Je suis timide mais je me soigne « de Pierre Richard
en 1981 « la Guerre du feu » (Quest for Fire ) le consacre au niveau international, et le place d’emblée comme un cinéaste ouvert sur le monde, l’histoire, les peuples et les cultures du monde entier.
En 1986, « Le nom de la rose », d’après le Roman d’Umberto Ecco confirme sa passion pour l’Histoire.
En 1988 « L’Ours »
En 1991 « L’Amant », adaptation du célèbre roman de Marguerite Duras, puis
en 1996 « Guillaumet, les Ailes du courage »
En 1997 « Sept ans au Tibet »
(Brad Pitt campe un alpiniste autrichien dans la vie réelle, qui se lie d’amitié avec le jeune Dalaï Lama. Le film le plus abouti (compte 131 millions de dollars dans le monde) et le plus controversé. Les autorités chinoises ont signifié à JJA une interdiction permanente d’entrée dans le pays. Il en a été choqué et bouleversé…)
En 2001 « Stalingrad » (« Enemy at the Gates » C’est L’affrontement entre deux tireurs d’élite est instrumentalisé par la propagande de leurs camps respectifs, soviétique et nazi, tout au long de la bataille de Stalingrad.)
En 2004 « Les deux frères » (Dans les années 1920 en Indochine, deux jeunes frères tigres, Koumal et Sangha, naissent loin de toute civilisation, dans les ruines d’un temple à la splendeur passée) : Il renoue avec l’Asie pour la troisième fois avec un film qui évoque le destin de deux tigres jumeaux dans les ruines Angkor, au Cambodge.
En 2011 « Sa Majesté Minor » et « Or noir » (Adapté du livre d’Hans Ruesch, « La soif noire »ou Mille et une nuits d’amour et de combats dans une Arabie déchirée. Le film de Jean-Jacques Annaud met en scène la rivalité de deux émirs arabes après la découverte de gisements de pétrole. Situé dans les années 30, Or noir raconte l’émergence difficile des pays arabes au travers de batailles épiques sous la chaleur du désert.)
Distinctions
- 1976 : Oscar du meilleur film en langue étrangère pour (Black and White in Color) sorti en france sous le titre La victoire en chantant
- 1979 : Prix du meilleur film publicitaire pour la TV pour son spot Le train pour la marque Kelton
- 1981 : César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour La Guerre du feu
- 1986 : César du meilleur film étranger pour Le Nom de la rose
- 1989 : César du meilleur réalisateur pour L’Ours
- 2013 : Commandeur de l’ordre des arts et des lettres
Liens
Pour en finir avec le pastoralisme
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